La période si particulière des festivités de fin d’année s’approche à grands pas. Toutefois, mère Nature, ayant souvent coutume de nous surprendre, elle ne déroge pas à la règle : Cette année encore, un petit miracle a déjà eu lieu, avant l’heure.
Il y a de cela quelques semaines, plusieurs baies de Nouméa, ont vues leur littoral assailli par une marée rouge. C’est évidemment une énième pollution qui en est la cause ! C’est du moins la première analyse qui s’imposa dans la tête de tous les promeneurs qui assistèrent à ce curieux spectacle.
Notre tendance à toujours envisager le pire avant le meilleur face à une situation inédite était aux commandes des esprits. Pour certains, il s’agissait d’un nouvel d’acte d’incivilité avec un délestage sauvage de carburant. Pour d’autre, c’était sans aucun doute, une nouvelle contamination issue d’une station d’épuration avoisinante.
Quelques heures après, l’information ayant été diffusée, les services compétents intervinrent et investiguèrent avec zèle, rigueur et méthode : Des prélèvements furent prélevés et des experts rendirent leurs expertises. Le message que les autorités sanitaires diffusèrent auprès de la population aurait pu être le suivant : « Mesdames et messieurs les pessimistes, de mauvaises nouvelles vous attendent ! Contrairement à vos conclusions hâtives et superficielles, cette marée rouge n’est nullement une catastrophe écologique mais au contraire, un cadeau de la nature. Vous avez été ce jour, les témoins privilégiés de la reproduction de coraux composant le récif de notre île. Pour être plus précis, ce sont les gamètes relâchés dans les eaux par ces coraux, qui ont attiré votre attention. Cet événement extrêmement court est remarquable, car il assure la reproduction des coraux d’une même espèce pour une année, et ce , en quelques heures. »
« C’est tout de même un peu décevant ce communiqué ! On espérait quelque chose de plus original et insolite… » Heureusement, ces tristes pensées n’étaient partagées que par une minorité de tristes sires. Tout le reste de la population fut enthousiasmée par cette information qui s’apparentait à une ode à la nativité dont la célébration était proche.
Mais cette communication avait un goût de trop peu. Nombreux furent ceux qui cherchèrent des détails supplémentaires pour comprendre plus intimement le phénomène ou encore pour étancher la curiosité de leur progéniture en quête de réponses…
Les archives consultées, révélèrent que les premières observations de cette stratégie de reproduction ancestrale datent de 1981 ! Mais à quoi avions-nous été occupé avant cela pour ne rien avoir remarqué de ce phénomène ? Voici une nouvelle preuve de notre incapacité à, parfois, ne pas savoir décrypter ce monde qui nous entoure et qui constitue notre demeure. Nous sommes les héritiers de richesses que nous négligeons pour la plupart et que souvent, nous détruisons par méconnaissance.
En poussant leur enquête, certains enquêteurs en vinrent à se demander comment ce processus été aussi bien synchronisé pour que tout se déroule en l’espace de quelques heures nocturnes, selon un cycle annuel et immuable. Néanmoins, ça ne serait pas le premier événement de ce type observé dans la nature que nous ne sachions expliquer. A quel mystérieux signal, le largage des gamètes de corail dans le lagon calédonien pouvait-il obéir ? Plusieurs hypothèses se présentaient comme de bonnes pistes. On pouvait imaginer un stimulus biologique, mais aussi chimique ou encore physique. Un indice déterminant vint au secours de la science. Encore une fois, l’observation des faits permit la compréhension des événements. Puisque toutes synchronisations connues avaient été observées quelques jours après la pleine lune, la corrélation entre les phases lunaires et le largage minuté des gamètes de corail était plus que probable. Pour aller plus avant, des études complémentaires seraient souhaitables afin de confirmer l’hypothèse de l’interaction entre l’animal et l’astre lunaire devront être menées. Telles furent les conclusions des investigateurs en herbe. Une chose au moins était sûre : ils seraient là , l’année prochaine, afin d’assister à la prochaine marée rose. L’enquête n’était pas close !
Ce petit miracle de Noël doit nous rappeler, que nous sommes étroitement liés à notre satellite personnel et à son cycle tout comme il est lié à notre planète. Sa discrétion dans notre système astral ne doit nous faire oublier que la Lune représente, entre autres, le féminin, les mères et leurs enfants, les émotions, la sensibilité et enfin le foyer.
Alors lors de votre prochaine insomnie, lorsque vous vous retrouverez seul(e) face à cette perle luminescente, brillant dans toute sa complétude, vous songerez à l’ensemble des bienfaits qu’elle dispense à sa grande sœur la Terre et ses étranges habitants que nous sommes.
Colin Saldimalir